L'été, on lui glisse : «Il fait chaud, t'as l'habitude.» Souvent, on la félicite : «Tu parles bien le français.» Inévitablement, on la questionne : «Tu viens d'où ?» Rokhaya Diallo est française, née le 10 avril 1978, dans le IVe arrondissement de Paris. «Française sans commentaire», dit-elle. Attablée dans un café parisien devant des tagliatelles au saumon qu'elle chipote, trop occupée à convaincre, elle parle à toute allure. Son débit, c'est comme une colère. Menue, elle a à la fois du charme et du chien. En jeans, sans talons, boucles d'oreille, petite chemise près du corps, elle est féminine, mais sans ostentation. Avec ses cheveux ras, on ne voit que son visage d'ange.
Aujourd'hui, elle organise les Y'A Bon Awards, sortes de césar des «meilleures phrases racistes» prononcées par des personnes publiques : hommes politiques, animateurs, éditorialistes. Plusieurs nominés dans les catégories «bruit et odeur», «envahisseurs»,«tu l'aimes ou tu la quittes». Dans les présélections, les incontournables Eric Zemmour ou Eric Raoult, et des surprises comme Christophe Barbier, directeur de la rédaction de l'Express.«On a eu l'embarras du choix», dit-elle. Cette cérémonie est une première organisée par les Indivisibles (1), l'association qu'elle préside depuis sa création en 2007 : des Noirs, Arabes, Asiatiques, Blancs rassemblés pour présenter une autre vision de «l'identité nationale» que celle portée par Nicolas Sarkozy. Rokhaya et sa ba