En France, un ouvrier vit en moyenne sept années de moins qu'un cadre. Il passera en outre une plus grande partie de sa vie avec des problèmes de santé. Au regard de ces inégalités, on doit se féliciter de voir figurer parmi les objectifs de la loi HPST la garantie de «l'égal accès à des soins de qualité». Plus concrètement, la loi propose de renverser la charge de la preuve en matière de discrimination, pour lutter contre les refus de soins subis par certains patients, notamment les plus précaires. C'est un pas important. Cela permettra-t-il de juguler les inégalités sociales de santé ? On peut en douter car la loi bute sur deux écueils, d'ailleurs classiques : elle confond les inégalités d'état de santé avec les seules inégalités d'accès aux soins ; elle réduit la question globale des inégalités à celle de la pauvreté.
Garantir à tous l’accès aux soins est un objectif légitime et urgent. Rappelons que 14 % des Français déclarent renoncer à des soins pour des raisons financières. Pour améliorer l’accès aux soins des plus pauvres, une complémentaire santé est proposée gratuitement depuis 2000 : la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC). La formule est globalement un succès, mais les bénéficiaires essuient régulièrement des refus de soins de la part de certains professionnels car ce ne sont pas des patients «rentables» : les médecins sont rémunérés après-coup par l’assurance-maladie et les dépassements d’honoraires ne sont pas autorisés. Les prix des pro