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Libération
TRIBUNE

Le diversomètre contre la République

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par Elisabeth Roudinesco, Henri Pena-Ruiz, Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre du Rond-Point, Smaïn Laacher, sociologue, Catherine KINTZLER, philosophe, Liliane KANDEL, sociologue, Nadia HAMOUR, docteur en histoire contemporaine, Elisabeth de Fontenay, philosophe, Kenza BRAIGA, animatrice radio, Siem HABCHI, présidente de Ni putes ni soumises, Yann JUROVICS, docteur en droit et Elisabeth Badinter, Philosophe
publié le 18 mars 2009 à 6h51
(mis à jour le 18 mars 2009 à 6h51)

Le sentiment d’appartenance à une communauté voilà le nouveau «diversomètre» lancé par monsieur Sabeg, commissaire à la diversité et à l’égalité des chances, pour lutter contre les discriminations ! Monsieur Sabeg, quel est votre «sentiment d’appartenance» ? Fils d’immigré ? Français ? Arabe ? Musulman ? Ou encore : chef d’entreprise ? Homme politique ?

Et ma voisine Sahra de mère française et de père algérien, brunette typée pourrait-on dire, qui n’a jamais connu le bled, qui porte un nom et un prénom qui l’enferment dans ce «diversomètre» mais ne se «sent» que française ? Pourtant le racisme, elle l’a connu et la discrimination a l’embauche aussi.

Cela fait trente ans qu’on essaie de sortir de ces cases ethniques et communautaires dans lesquelles on nous enferme de la même manière qu’on nous a enfermées dans nos ghettos. Alors que, femmes des quartiers, nous nous sommes insurgées contre le communautarisme qui n’a fait que dégrader la condition des femmes au sein des communautés. La République est porteuse de valeurs, de liberté, d’égalité et de laïcité. Pour les préserver, des générations entières se sont battues comme nous qui marchions en 1983 pour l’égalité et contre le racisme. Et aujourd’hui, vingt-cinq ans plus tard, on nous demande notre «sentiment d’appartenance communautaire» ? Il n’y a pas de France blanche, noire, italienne, polonaise, arabe, portugaise, espagnole, pakistanaise. Il n’y pas non plus de communautés, mais une République métissée. Il y a une Fran