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portrait

Rosée de colère

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Roselyne Gavoty. Cette vigneronne varoise, productrice d’un rosé reconnu, s’oppose à Bruxelles, qui veut libéraliser la fabrication d’un vin enfin en vogue.
publié le 25 avril 2009 à 6h51
(mis à jour le 25 avril 2009 à 6h51)

Il faut croire qu'elle a mangé du lion, Roselyne. Debout dans sa cuisine, une belle pièce rustique dans une maison de maître à Cabasse (Var), elle va et vient, chasse le chien, embrasse un enfant, range une tasse puis se retourne, posant solidement ses deux mains à plat sur la grande table en bois, et le haut du corps penché en avant, articule lentement : «Je me sens hautement trahie. Barnier nous a lâchés. Maintenant, la seule question qui vaille, c'est à qui profite le crime ?»

Elle est cash. Une vigneronne comme on n'en connaissait pas. Une terrienne, pas de doute, mais aérienne aussi. Un mètre soixante, fine comme une danseuse. Pourtant, c'est le chant qui l'attire. Et son air du moment serait plutôt guerrier.

Le crime qu'elle dénonce, c'est Bruxelles qui l'a prémédité, en votant en janvier l'autorisation de «fabriquer» du rosé en mélangeant un peu de vin rouge avec beaucoup de vin blanc, pratique jusque-là interdite en Europe. «Je ne comprends pas, commente la vigneronne. Normalement, un règlement, c'est fait pour protéger des abus. Pas pour les servir.» Tout cela ne fait que confirmer sa défiance envers l'Europe. Elle enrage. Elle n'est pas la seule. Dans le Sud de la France, sommeliers, chefs restaurateurs, gastronomes et militants du goût sont aux quatre cents coups. C'est une région entière qu'on offense. Pire, pour Roselyne, c'est un terroir qu'on méprise. Jeune femme de bonne famille - quatre enfants, un sens certain du patrimoine - elle e