Le plus mauvais avocat de la défense est à tous les coups le défendu lui-même. Jacques Viguier, professeur de droit public à Toulouse, accusé du meurtre de son épouse, est depuis une semaine dans le box des assises de Haute-Garonne comme s’il prêtait le flanc à toutes les charges. Ce n’est, après tout, peut-être pas si grave que ça, les pires alliés de l’accusation étant les accusateurs eux-mêmes. Les hypothèses criminelles volent dans le prétoire, la vérité judiciaire se fait attendre. Il faut dire que ce procès pour meurtre est un procès où le meurtre n’est que présumé.
Prestidigitateur. Suzanne Viguier a disparu du domicile familial de la rue des Corbières à Toulouse le 27 février 2000, et ni elle ni son corps n'ont été retrouvés. Jacques Viguier serait le prestidigitateur machiavélique qui n'aurait eu besoin que de trois tout petits quarts d'heure pour occire l'épouse qui voulait divorcer de lui et en escamoter le cadavre.
«Pour le moment, c'est 55-45», évalue un des deux avocats des sœurs de Suzanne Viguier. Soit 55 % de chances d'aboutir à une condamnation et 45 % à un acquittement. Me Guy Debuisson relève les maladresses de Jacques Viguier, mais ne dispose pour l'accabler que d'un faisceau d'«ondes négatives». Pas le moindre début de commencement d'aucun élément de preuve. Personne ne prendrait de pari sur ce que sera l'intime conviction des jurés de la cour.
Isolé dans son box, Jacques Viguier s'occupe donc lui-même d'aggraver son cas. Le