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Bordeaux, la traite sur les épaules

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Esclavage. Service minimum pour l’expo dédiée au passé négrier de la ville
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publié le 9 mai 2009 à 16h29
(mis à jour le 9 mai 2009 à 16h29)

Cette année, c’est Bordeaux qui a été choisi pour être la ville des célébrations officielles : dimanche aura lieu la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage, instaurée en 2006 par Jacques Chirac. Michèle Alliot-Marie, Christine Albanel et Yves Jégo seront aux côtés d’Alain Juppé et inaugureront la nouvelle exposition permanente que la ville a choisi de consacrer à son passé négrier.

Après dix ans de réflexion et de querelles, Bordeaux accepte enfin de se confronter à cet épisode de son histoire. Mais avec un maximum de pudeur. Aucun risque de surenchère mémorielle. Juppé est resté fidèle à sa ligne : «Une politique de juste mémoire […] sans pour autant jeter l'anathème sur de très lointains descendants de commerçants négriers.» Cantonnée à quatre salles du musée d'Aquitaine, l'expo ne devrait pas trop bouleverser les consciences. Elle s'ouvre étrangement sur un premier espace, baptisé «La fierté d'une ville de pierre», où l'on découvre le portrait de la belle cité au XVIIIe siècle, son architecture élégante et le piédestal d'une statue équestre de Louis XV présentant les «trophées des cinq continents», mais dont, comble du paradoxe, l'Afrique a bizarrement disparu. Trône également un buste de Montesquieu, comme pour rappeler subrepticement la place de la ville dans la pensée des Lumières. C'est donc dans la deuxième partie, sobrement étiquetée «Porte océane», qu'on aborde le vif du sujet, avec le commerce triangulaire. De jolies gravures, de