La colère contre le projet de loi Bachelot a été longue à monter, mais elle est désormais bien installée au CHRU de Lille : hier midi, ils étaient 400 médecins, sur les 700 que compte l'établissement, à défiler dans la cour de l'hôpital Huriez. Chefs de service, médecins, professeurs, tous unis, pour une fois, dans la même bataille. «Je n'avais vu ça», souffle une femme, les yeux ronds à regarder la ronde silencieuse des blouses blanches.
Le geste de Nicolas Sarkozy, qui a consenti à un directoire collégial, avec des médecins aux côtés du directeur de l'hôpital, a jeté de l'huile sur le feu, au lieu de calmer le mouvement. «C'est un replâtrage, le chef de l'Etat a mis en avant le rapport Marescaux [dont le président reprend plusieurs propositions sous forme d'amendements au projet de loi, ndlr], mais finalement cela amène du flou et de l'incertitude», brocarde le professeur Bernard Cortet, rhumatologue. «Ce n'est intéressant qu'à la condition que ces médecins soient vraiment élus par leurs pairs, il faut que la base puisse discuter avec les instances», explique, calme mais décidée, Elisabeth Martin de Lassalle, médecin au service anatomie pathologique.
«Choquant». Le professeur François Fourrier, chef de service en réanimation, approuve : «On nous fabrique un système de succession de chefs, puisque le directeur de l'hôpital sera nommé par l'Agence régionale de santé et portera le projet décidé par la conférence régionale