Pour les universitaires, il s'agit d'un jugement mettant «gravement en cause la liberté de la recherche». Le 12 novembre, le tribunal correctionnel de Thonon (Haute-Savoie) a condamné trois chercheurs et leur éditeur pour diffamation. Dansla France rebelle (1), codirigé par Xavier Crettiez, professeur de sciences politiques, et Isabelle Sommier, sociologue, ils recensaient 4 000 mouvements contestataires français, dont la Confédération savoisienne, qualifiée de «groupuscule indépendantiste partisan du recours à la violence». Elle les a attaqués, et les magistrats les ont condamnés à 20 000 euros au total, estimant que l'enquête manquait de «qualité», et les propos de «mesure» et de «prudence». L'affaire, qui vient mercredi devant la cour d'appel de Chambéry, inquiète les milieux universitaires. «C'est un processus de judiciarisation de la recherche en sciences sociales», estime Isabelle Sommier, directrice du Centre de recherches politiques de la Sorbonne. Une pétition a été lancée par les chercheurs, qui craignent que cette décision «ouvre la porte à tous ceux que les conclusions souvent dérangeantes de la sociologie agacent». L'assertion «partisan du recours à la violence», ajoutent-ils, ne constitue «ni une insulte ni une accusation». Mais un simple «constat clinique fondé sur l'analyse froide de faits établis».
Prétexte. La Confédération savoisienne a été fo