«Je fais partie de cette génération de femmes qui baisent par politesse. Quand j'emmène un mec chez moi, je trouve normal qu'on finisse par faire l'amour.» Clara Chaal n'a pas terminé sa phrase que c'est plus fort que nous, on imagine déjà la scène : le type monte les trois étages, pousse la porte entrouverte et tombe sur cette fille de vingt ans immense, blonde, sexy, qui lui demande «poliment» : «Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Un café ? Un coca ? Une pipe ?» Comme le type est normal, il répond que la caféine, c'est mauvais pour le cœur. Une fois rhabillé, il ne trouve rien à dire, alors il ne s'attarde pas.
Clara balaie sa chambre d’étudiante du regard, les fringues roulées en boule, ses bottes plateforme Barbara Bui posées au-dessus de l’étagère, le tapis en peau de vache gondolé. Peut-être que c’est le bordel. Peut-être qu’elle a merdé. Peut-être qu’elle devrait écrire un livre, pour en finir avec tout ça.
Quand elle nous ouvre la porte, ce jour-là, elle se contente de nous offrir un thé. Col roulé rouge, pantalon stretch et cavalières, elle a la démarche faussement distraite des femmes qui ont l'habitude d'être regardées. Sa voix est celle d'une adorable petite fille. Aiguë, inoffensive, totalement inadaptée aux cochonneries qu'elle énumère dans Trash, son premier roman. Un catalogue d'aventures sexuelles pas vraiment hard, mais pas du tout valorisantes. Elle écrit pour témoigner, car son histoire, dit-elle, ne relève pas de son «seul cas