Menu
Libération
TRIBUNE

Une nouvelle affaire Jeanne d’Arc

Article réservé aux abonnés
par Colette BEAUNE, médiéviste, professeur émérite à l’université de Paris-X.
publié le 10 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 10 juin 2009 à 6h51)

L'affaire Jeanne d'Arc a encore fait une victime ! Je suis directement mise en cause par l'article «Nous ne sommes pas des "mythographes"» de Martin Meissonnier et Thierry Secretan paru le 19 mai dans Libération. Ceux-ci ont décidément du mal à admettre que leur film Vraie Jeanne, fausse Jeanne soit un mauvais documentaire mais une bonne fiction. Les historiens, qui étaient interviewés pour un documentaire, ne sont pour rien dans la dérive ultérieure du projet. Comme tout le monde, rien ne leur plaît autant qu'un excellent film et comme tout le monde, ils détestent être instrumentalisés.

Qu’y a-t-il derrière cette nouvelle affaire ? Les historiens monopoliseraient la connaissance et entraveraient par leur seul mépris les amateurs désireux eux aussi de faire des recherches et parfois même des documentaires ! Loin de moi, loin des chercheurs en général, cette idée d’une histoire jargonnante réservée aux élites.

Car enfin est-il si difficile aujourd'hui d'accéder aux textes concernant Jeanne d'Arc ? Non. Le chartiste Quicherat publia, au milieu du XIXe siècle, l'intégralité des sources connues de son temps ; et il n'eut garde d'oublier la dame des Armoises, cette femme qui se fit passer pour Jeanne d'Arc après la mort de la Pucelle. Dans les années 1960, la Société d'histoire de France fit traduire et publier les deux procès de Jeanne. Régine Pernoud et Georges Duby en ont publié des extraits facilement accessibles. Quant à moi, j'ai édité le Jour