Pâle et amincie, Véronique Courjault, 41 ans, les cheveux tirés en une sage queue-de-cheval retenue par une barrette, un gilet de laine sur une stricte robe grise, rentre furtivement dans le box des accusés de la cour d’assises de Tours, l’air traqué, s’assied sans jeter un œil à la salle bondée et s’accroche au regard de son mari, Jean-Louis, sur le banc d’en face. Il ne la quitte pas des yeux puis se constitue partie civile pour pouvoir la soutenir tout au long de son procès pour l’assassinat de leurs trois derniers enfants. Ces deux-là ne se sont jamais autant parlé que depuis l’incarcération de Véronique en octobre 2006 due à la découverte par Jean-Louis de deux bébés congelés dans leur maison à Séoul, en Corée du Sud.
Cendres. Depuis, les parents Courjault, qui ont déjà deux fils, Jules, 14 ans, et Nicolas, 12 ans, ont étrangement «baptisé» les deux morts Alexandre et Thomas. Le premier bébé clandestin, qu'elle a tué de ses mains en 1999 dès son premier cri et qu'elle a réduit en cendres le soir dans la cheminée avant de le jeter à la poubelle, n'avait pas de prénom.
Les yeux rougis de larmes, l'accusée peine à raconter les six premiers mois de cris de Jules couvert d'eczéma : «J'étais incapable de le soulager, il pleurait beaucoup.» Pour le second, qui arrive dix-huit mois plus tard, elle prend une assistante maternelle, même lorsqu'elle ne travaille pas comme analyste programmeur. «Comme Jules avait eu du mal à se séparer de moi pour aller