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Les victimes, oubliées de l’enquête

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De 2002 à 2008, les parties civiles n’ont jamais pu avoir accès au dossier d’instruction.
publié le 20 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 20 juin 2009 à 6h51)

De 2002 à 2008, les familles des victimes de l'attentat de Karachi ont surtout été invitées à se taire. A ne pas trop en demander, y compris en matière d'indemnisation. L'épais dossier pénal montre pourtant que l'employeur de leurs pères ou de leurs maris connaissait les risques physiques encourus sur place quand il les dépêchait à Karachi. Une note du service juridique de la Direction des constructions navales (DCN) datée du 17 juillet 2002 tranche froidement : « Les sommes versées ou susceptibles d'être versées sont modestes. […] Le quantum du préjudice matériel pour la DCN est par contre difficile à évaluer.»

Cynisme.Certaines veuves ou orphelines ont décidé d'en finir avec ce cynisme. Parmi elles, Giselle Leclerc et Magalie Drouet, rencontrées dans un café de Cherbourg, lundi dernier, avant l'audition avec les magistrats. Les souvenirs de Magalie font froid dans le dos : «Mon père est parti pour retrouver le chantier de Karachi le 26 avril 2002 [deux semaines avant l'attentat, ndlr]. Il avait peur de ne pas rentrer. Il a laissé une liste des actes à accomplir pour le cas où il ne reviendrait pas.» Et de rajouter : «Mon père avait l'habitude de tout scanner et de tout archiver sur son ordinateur portable sur ce qui passait dans son travail à Karachi. On nous a rendu son ordinateur après en avoir arraché le disque dur.»

De 2002 à 2008, le juge Jean-Louis Bruguière, qui instruisait alors l’affaire, et l’avocat de l