Fabrice D'Almeida, historien enseignant à Paris II Assas et co-auteur, avec Anthony Rowley, du livre Et si on refaisait l'histoire, s'est prêté au jeu proposé par Libération.fr: plancher sur l'un des sujets de l'épreuve d'histoire-géo du bac. Avec en ligne de mire: se faire plaisir, laisser libre cours à l'imagination. L'idée n'est pas de proposer un corrigé du bac mais un exercice de style, sans aucune contrainte.
Que trois dirigeants d’horizons aussi différents que Nehru, Tito et Nasser décident de se retrouver dans une jolie petite île au large de l’Istrie, voilà qui pouvait étonner les journalistes en cette année 1956. Certes, à Bandoung l’année précédente, un rapprochement s’était esquissé afin de fédérer les pays qui refusaient l’alternative géopolitique entre communisme du Bloc de l’Est et capitalisme du monde occidental. Mais le rassemblement paraissait fragile.
Or, le 19 juillet 1956, au terme de la discussion, un idéal politique a émergé, celui du non-alignement. Et de fait, les trois figures qui ont produit le texte final du communiqué s’inscrivent toutes en rupture. Tito, l’hôte de la réunion sur cette île où il apprécie de prendre ses vacances, tout le premier.
Dirigeant de la résistance communiste contre l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, le maître de la Yougoslavie a abandonné le stalinisme et créé son propre modèle de développement. Il rejette les fantasmes soviétiques sur l’industrie lourde,