Le mercredi 22 juin, lorsqu’elle se rend à la réunion des examinateurs à la veille de l’oral du bac français, Orane, enseignante de lettres, s’étonne : va-t-elle devoir interroger les élèves avec ces croix sur les murs ? La coordinatrice la rassure. Il suffira de s’arranger demain avec le directeur du lycée privé Saint-André, de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) où l’épreuve se déroule…
Crispations. L'affaire aurait pu s'arrêter là. De tels incidents sont signalés chaque année et se résolvent dans la discrétion. Généralement, le rectorat envoie un médiateur et le proviseur du lycée catholique accepte de retirer quelques crucifix. Mais cette fois, la machine grippe. Et l'histoire devient exemplaire des crispations autour de la laïcité à l'école et de certaines dérives tendant à prouver qu'il y a deux poids deux mesures dans l'application de ce principe.
Jeudi 23 juin à 8 heures, premier jour des oraux, les croix sont toujours là. Orane croit à un oubli. En attendant d'en parler au proviseur de Saint-André, avec la collègue qui partage la salle, elles décrochent la croix. Au même moment, d'autres profs font la même chose dans des classes voisines, sans s'être donné le mot. «La croix était installée à côté du tableau, je l'avais dans mon dos, et l'élève que j'interrogeais l'avait de face, derrière moi», explique Orane.
Mais le lendemain, les croix sont toujours là. Elle va alors voir le proviseur qui refuse d'y toucher et la renvoie sur le directeur de la Mais