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Libération
Reportage

Dans la «jungle» de Calais, la vie sous la peur de l’expulsion

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Peuplé d’Afghans, le bois-bidonville a été promis à la destruction par Besson. Ravivant la hantise des «retours forcés».
publié le 25 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 25 juillet 2009 à 6h51)

«Aujourd'hui est un jour dangereux», sourit Ahmadshah, habits tachés, pantalon fatigué. Le jour se lève ce 21 juillet dans la plus grande «jungle» de Calais, bois peuplé d'Afghans pachtounes. A l'entrée de la forêt, c'est l'habituel va-et-vient pour remplir bouteilles et jerricans à la pompe à eau, mais les esprits sont ailleurs. On observe la route, d'où pourraient surgir les fourgons de CRS. On craint de voir la «jungle» vidée, et détruite. On craint surtout d'être arrêté et expulsé. Une rumeur a daté le nettoyage au 21 juillet, et puis rien, mais la menace continue.

Mineurs. Eric Besson, le ministre de l'Immigration, a dit vouloir se débarrasser de ces bidonvilles «avant la fin de l'année». Seulement voilà : on peut vider la «jungle» comme on a fermé Sangatte, c'est-à-dire sans rien régler. D'abord parce que le nombre de migrants à la rue est sans précédent. Ils sont quelque 1 100 à 1 200 dans les rues de Calais, et environ 2 000 sur le littoral nordiste. Le passage est de plus en plus difficile. Les gens mettent entre trois et cinq mois, contre un mois environ il y a encore un an. D'autres arrivent tous les jours, d'Afghanistan, d'Iran, d'Irak, de Somalie, du Soudan, d'Erythrée, surtout. Où iront-ils ? L'Etat, par différentes voix, a déjà formulé un début de réponse : l'asile pour certains, ensuite une prise en charge des mineurs, mais aussi les retours volontaires au pays, et enfin, les «retours forcés». Pas si simple.

L'asile ? Le Haut-