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Libération
TRIBUNE

Pas en mon nom

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par Vanessa Ratignier, journaliste
publié le 3 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 3 août 2009 à 6h52)

Lu la semaine dernière dans le Nouvel Obs : Me Francis Szpiner, pénaliste de renom qui représente la famille Halimi dans le procès Fofana, qualifie Philippe Bilger, l'avocat général, de «traître héréditaire». J'ai du mal comprendre. Alors, je relis. Et je m'étrangle. Une seconde fois.

La première fois, c'était en découvrant l'interview accordée à Mediapart le 17 juillet par Richard Prasquier, président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France). Répondant à une question sur le «passé trouble» du père de Philippe Bilger, Richard Prasquier répondait qu'il ne voulait pas «s'exprimer sur [son] passé collaborationniste». Et déjà, lecture et relecture. Richard Prasquier aurait pu s'indigner, refuser de s'engager sur ce terrain-là et centrer sa réponse sur les réels enjeux de l'affaire. Mais non. Il a choisi cette réponse. Dire une telle chose, quand bien même il précise ne pas vouloir en parler, c'est déjà le faire.

Je m’étais alors réjouie que personne n’ait relayé ces propos. Je m’en étais réjouie, et en même temps j’en étais désolée. Personne n’avait réagi. Comme si ça n’avait rien de choquant. Pourtant, de si viles attaques ont de quoi scandaliser. Depuis quand les fils doivent-ils expier les fautes de leur père ?

Richard Prasquier, pourtant, n’est pas n’importe qui. C’est le président du Crif. Celui dont la voix est présentée, dans la société civile, comme celle de la communauté juive de Fran