Notre pays, depuis maintenant plusieurs décennies, est dans un tel état d’indignité au regard de son passé révolutionnaire ou même simplement progressiste, que les quelques voix fidèles à ce passé, tout en en recréant pour aujourd’hui les thèmes et les principes, dès qu’elles parviennent à se faire entendre dans l’abaissement général, deviennent des figures singulières. D’un côté, elles représentent pour quantité de gens un espoir presque déraisonnable. De l’autre, elles attirent évidemment des haines solides et le désir, lui tout à fait déraisonnable, de les faire taire.
Il se trouve que je suis aujourd’hui une de ces voix. J’ai donc, c’est dans l’ordre des choses, des ennemis nombreux et bien installés. Il n’est pas question pour ces gens de lire, de comprendre et de réfuter aucun de mes écrits. Je suis sans aucun doute le philosophe français vivant le plus traduit, lu et commenté dans le monde. Les gens dont je parle n’en ont cure et seraient du reste incapables de seulement comprendre pourquoi. Comme leur but est seulement de m’abattre, ils fonctionnent par rumeurs et ragots, déformations, fausses lectures et gros mensonges, ce qui hélas est une solide tradition de la réaction partout où elle a gagné à sa cause un petit parti intellectuel, ce qui est le cas aujourd’hui en France.
La rumeur la plus insistante et qui porte tous les espoirs de la clique dont je parle est que je serais antisémite. Pour qui m'a lu et suivi, c'est totalement invraisemblable. Mais les sicaires in