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Libération
Interview

«Cet immeuble est une plaque tournante du trafic»

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Le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, revient sur l’incendie mortel
publié le 12 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 12 août 2009 à 6h51)

Après l’incendie qui a tué de cinq personnes à Sevran (Seine-Saint-Denis), dans la nuit de dimanche à lundi, Stéphane Gatignon, le maire PCF, décrypte les problèmes liés au trafic de drogue dans le quartier des Beaudottes.

La situation de l’immeuble permet-elle de penser à un règlement de comptes entre dealers ?

Rien n'est avéré, il faut attendre les résultats de l'enquête. Mais il est vrai que Sevran et cet immeuble en particulier sont une plaque tournante du trafic de stupéfiants en Ile- de-France. Les sommes en jeu ont pris des proportions astronomiques. Le récent démantèlement d'un réseau de trafiquants à Saint-Lô [Manche, ndlr] s'est fait à partir d'interpellations menées à Sevran. Mais il ne faut pas se voiler la face, le trafic se nourrit d'une réalité sociale particulièrement difficile. Sevran est une des villes les plus pauvres de France. Alors qu'on est au plus fort des vacances d'été, 90 % des habitants étaient présents au moment de l'incendie. C'est un chiffre qui interpelle ! La crise économique n'arrange rien, les gens sont très durement touchés, notamment les jeunes qui travaillaient dans l'intérim.

Comment le trafic de drogue peut-il prospérer alors que tout le monde est au courant ?

L’immeuble n’est pas à l’abandon. La police intervient régulièrement, mais on a affaire à des réseaux très organisés, avec une planification et des ramifications de plus en plus complexes. Même quand il y a des interpellations, de nouveaux dealers prennent leur place. D’autant que la plupart des acteurs de cette économie souterraine évitent de se promener avec des quantités de drogue trop importantes sur eux. Se pose aussi la question des gardiens