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Libération

«Des gardiens se sont parfois fait jeter des pavés ou tirer dessus»

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Sevran. Un ancien concierge de la cité des Beaudottes, frappée par un incendie, témoigne :
publié le 14 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 14 août 2009 à 6h51)

En 2008 à Sevran (Seine-Saint-Denis), les gardiens de la cité des Beaudottes - où un incendie a fait cinq morts dans la nuit de dimanche à lundi - demandaient l'application de leur droit de retrait. Josué, 54 ans, est le seul qui a accepté de raconter son quotidien. L'homme préfère rester discret sur son actuelle affectation professionnelle. Avant d'être gardien, il était professeur d'histoire de l'art en Afrique. «Autrefois, je parlais du patrimoine, maintenant je m'en occupe», blague-t-il.

Josué se souvient parfaitement de ce matin de novembre 2004, où il a pris ses fonctions aux Beaudottes. De cette cité, il ignore tout ou presque. Il a déjà exercé à Epinay-sur-Seine et ne craint pas les quartiers difficiles. Lors de sa première ronde, il se rend dans des caves désaffectées. Dans l'une d'elles, il entend du bruit et naïvement toque à la porte. Dans son esprit, il s'agit de simples squatteurs. Il y découvre «plusieurs gamins», de 15 à 20 ans en train de «travailler» dans des conditions rudimentaires, avec des lampes de poche et un mobilier de récup. L'accueil n'est pas des plus chaleureux : «Dégage, t'as rien vu, rien entendu.» Plus tard, il retrouvera dans cette cave des talkies-walkies et des téléphones portables, l'arsenal des petites mains du trafic de drogue.

Cette première expérience a inspiré à Josué un opuscule inachevé intitulé Murmures des caves dans une cité fantôme. «La drogue est une vraie gangrène aux Beaudottes»