CHRISTINE BOUTIN Présidente du Parti chrétien-démocrate
Nous nageons en plein paradoxe : nos villes se défont avec d’un côté des quartiers en crise dans lesquels les habitants se sentent abandonnés et de l’autre, le reste de la ville, qui tente aveuglément de poursuivre son chemin vers la prospérité. Nos villes sont de plus en plus décomposées, disloquées. Et c’est un ancien ministre de la Ville qui l’affirme. Ce malaise n’est pas qu’économique. Il est aussi et surtout culturel et moral. Les ghettos urbains sont le reflet des ghettos culturels et sociaux ancrés dans nos esprits postmodernes déboussolés. Ils sont la «plaque sensible» des difficultés de l’homme contemporain à vivre en paix avec lui-même et avec son semblable. Qu’ils soient conçus pour les riches ou pour les pauvres, les ghettos détricotent le lien social, minent le sentiment d’appartenance et génèrent la violence entre concitoyens. Le problème n’est pas tant de savoir s’ils prolifèrent aujourd’hui davantage qu’hier. Il est de prendre conscience que c’est la peur qui suscite le ghetto : une société qui a peur crée automatiquement des automatismes de ségrégation. Peur de l’avenir en ces temps troublés, peur du qu’en dira-t-on dans une société de l’image, peur de l’autre, vu comme un prédateur ou ennemi. Une société qui considère que «l’enfer, c’est les autres» sombre inévitablement dans la tourmente et la violence. Les hommes construisent alors des murs de haine, virtuels ou réels. Il faut rétab