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TRIBUNE

L’écologie, nouvelle utopie du XXIe siècle ?

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Modérateur Laure Noualhat, «Libération»
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publié le 18 septembre 2009 à 0h00

NICOLAS HULOT Reporter écologiste, écrivain et président de la Fondation Nicolas-Hulot

Pour illustrer le mot crise, les Chinois ont recours à deux idéogrammes : l'un illustrant le danger, l'autre l'opportunité. Devant la crise protéiforme que nous traversons et dont les premières victimes sont les plus vulnérables, l'opportunité n'est-elle pas de redéfinir, si tant est qu'elle l'ait déjà été, l'ambition du projet humain ? «Notre époque se caractérise par la profusion des moyens et la confusion des intentions», disait déjà Einstein, n'est-il pas temps de préciser nos intentions et de les réconcilier avec nos actions ? Par la même de renouer avec le sens originel du mot intelligence soit Inter legere, «trier entre». Choisir, ne plus subir, être libre enfin. Faire les choses plus seulement parce que nous en avons les capacités ou les moyens mais parce qu'elles participent à l'épanouissement de l'homme, à la réalisation de la solidarité ; une révolution de l'esprit ! Dès lors que les fins seront identifiées, à nous de mobiliser le génie humain pour y parvenir. Et nul doute que l'on découvrira que l'humanité ne peut plus se disperser et que le progrès, ensemble redéfini, exigera de procéder à des renoncements et à des acquiescements. La nouvelle frontière à dessiner est celle qui précise le champ des possibles et qui sépare nos rêves de nos illusions.

PATRICK VIVERET Philosophe, essayiste, conseiller référendaire à la Cour des