D'abord effleurer son ventre rond et sombre en songeant au délice à venir. Puis fendre sa peau lisse et douce pour atteindre la chair fondante. La figue est un fruit charnel et charnu dans lequel on s'abandonne quand le soleil est plus pâle, quand les frondaisons se parent d'or et de fauve et que l'atmosphère se charge de senteurs fanées. Ce n'est pas le démon de midi dans votre corbeille à fruits mais ça y ressemble. Parce que, assurément, la figue est le fruit de la fin de l'été. Après elle, il ne sera plus questions de ripailles caniculaires, de chairs gorgées de soleil, mais de fruits de garde comme la pomme, la poire ou les noix. On croque dans une pomme mais on mord dans une figue. C'est toute la différence entre se mettre au lit avec le catalogue de la Redoute ou Tropique du cancer.
Enluminure. Il faut des préliminaires avec la figue : les plus précoces débutent au printemps, quand on s'en va vers un mur de pierres sèches contempler un petit arbre buissonnant. On aime chez le figuier son port tourmenté, son empathie pour les vieux cailloux, et ses feuilles que l'on dirait tout droit sorties d'une enluminure médiévale. Plus tard, on se réjouira de ses insolents petits tétons verts, promesses de fruits savoureux. Ceux qui n'ont pas le bonheur de connaître l'ombre du figuier au mitan de l'été iront cueillir la figue sur l'étal, où l'abondante mirabelle de l'année joue les retardataires et où parade le muscat de Hambourg. Même enchâssée dans une b