«Si c'était moi qui avais reçu la lettre ?» Le professeur Pierre Meunier est un vieux monsieur, hier chef de service de rhumatologie au CHU de Lyon, aujourd'hui à la retraite. On l'entend mal, mais sa réponse est sans ambiguïté. Aux magistrats qui l'interrogent, il dit : «Je ferme immédiatement le bloc opératoire et je cherche pour voir s'il y a des traces de Xenopi.»
Hier, lors du procès de la Clinique du sport, les magistrats ont analysé la scène initiale, celle qui aurait pu tout changer et éviter à 58 patients de se retrouver contaminés par une méchante bactérie. Nous sommes en septembre 1989, près de dix ans avant que l'affaire n'explose publiquement. Après avoir analysé un patient opéré un an plus tôt à la Clinique du sport de Paris, le Pr Meunier découvre dans six de ses prélèvements osseux une mycobactérie de type Xenopi. C'est rarissime. Il écrit aussitôt au Dr Sagnet, patron de la Clinique du sport. «Je dois attirer votre attention sur une éventuelle contamination préopératoire… Il serait très souhaitable que vous fassiez faire une enquête dans votre salle d'opération de façon à éviter le risque de contamination future.» A l'audience, le vieux professeur a ajouté : «Pour moi c'était très grave, et très clair.» Le Dr Sagnet reçoit donc cette lettre. Il ne téléphone pas à ce médecin. «Je n'y connaissais rien, se défend-il à l'audience. Les infections nosocomiales, c'est au maximum un moi