Ils s’évitent, se saluent à peine en début d’audience, puis vont s’installer à l’opposé l’un de l’autre sur le banc des prévenus. L’un, le docteur Pierre Sagnet, était le directeur de la Clinique du sport à Paris, l’autre, le docteur Didier Bornert, était le chirurgien orthopédique spécialisé dans les hernies discales. Tous les deux sont au cœur de ce drame sanitaire dans lequel près de 60 patients ont été contaminés par une très méchante mycobactérie, Xenopi, entre 1989 et 1993, après une intervention chirurgicale.
«C'était bien simple, s'est énervé, mardi, le Dr Bornert. Quand le scandale a éclaté, la direction a consulté des spécialistes de crise. Ils ont convenu que pour en sortir il fallait un responsable. Ce serait moi. Il me l'a dit, Sagnet, un soir en 1997, quand il m'a appelé dans son bureau. Il m'a dit : "C'est toi qui seras le mauvais dans l'histoire."»
La faute à qui ? Au directeur de la clinique pour ne pas avoir été assez vigilant sur la qualité des circuits d'eau ? Ou bien est-ce la responsabilité du chirurgien de vérifier la bonne stérilisation ? «Moi je suis chirurgien, a répondu sèchement à plusieurs reprises, lors des audiences de cette semaine, le Dr Bornert. La stérilisation, ce n'est pas de ma responsabilité. Je paye une redevance à la clinique et c'est elle qui me fournit mon outil de travail.»
Certes… Mais il y a aussi la pratique. «Après mon expérience à la Clinique du sport, a raconté,