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Libération
Reportage

Kaboul, le mal du retour au pays

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«Libération» a rencontré les trois Afghans expulsés par Paris sur un charter franco-britannique. Désorientés, apeurés. «Je ne peux aller nulle part», dit l’un d’eux.
publié le 26 octobre 2009 à 0h00

Waheed Saleem, 22 ans, pleure en silence. Depuis deux heures, dans le restaurant d'un hôtel de Kaboul, il raconte son histoire : pourquoi il a décidé de s'exiler en France ; comment il a traversé la Turquie, la Grèce et l'Italie ; ce qu'il a ressenti quand il a vu écrit «Retour à Kaboul» à côté de son nom sur un panneau du centre de rétention de la région parisienne. Waheed et ses deux compagnons, Nik et Khodaidad, sont les trois expulsés que la France a placés le 21 octobre dans un charter franco-anglais pour Kaboul.

Waheed pleure et ses larmes ne sont pas feintes. Ses mains tremblent, il se recroqueville sur sa chaise, tente de cacher ses yeux rougis. «Personne ne m'a demandé pourquoi j'avais quitté l'Afghanistan. Les Français pensent que je peux rentrer chez moi, que je viens d'une région qui n'est pas dangereuse. Mais c'est faux. Je me ferai tuer si je repars dans mon village», dit-il entre deux sanglots. Assis à la même table, Khodaidad Khan, 20 ans, et Nik Khan Hashimkhil, 18 ans, détournent le regard.

menace d'enrôlement. Ils étaient dans le même avion. Les trois jeunes Afghans sont depuis logés dans un hôtel confortable du centre de la capitale. Le ministère de l'Intérieur n'est qu'à une centaine de mètres. Des dizaines de policiers sécurisent le quartier. Des blocs de béton ont été installés au milieu de la rue qui longe l'hôtel. Le 8 octobre, un attentat à la voiture piégée qui visait l'ambassade d'Inde, située à deux cents mètres,