Jacques Reland est directeur de recherches européennes au Global Policy Institute, à Londres. Installé depuis trente ans en Grande-Bretagne, il commente le débat sur l’identité tel qu’il apparaît, vu de l’étranger, au spécialiste de sciences politiques.
Cela a-t-il un sens de faire un débat sur l’identité nationale ?
C’est un sujet dont on peut parler, surtout dans ce monde globalisé. Ce dont je doute, c’est du moment choisi. On sent que c’est plus une manœuvre politique qu’autre chose, pour embarrasser la gauche en vue des élections régionales, et ça peut faire le lit du Front national si cela dérive.
Eric Besson avance l’argument inverse, en disant qu’il veut couper l’herbe sous le pied du FN…
C'est ce qu'il dit, mais je pense qu'il a certaines arrière-pensées, et comme la gauche est mal à l'aise avec ce débat… Déjà, la gauche est accusée de vouloir mettre le drapeau sous le boisseau, de ne pas vouloir faire chanter la Marseillaise, ce qui montre un désir de faire porter le débat plus sur les symboles que sur les vraies valeurs. Les vraies valeurs, ce n'est pas simplement montrer son drapeau. En France, on n'a pas tellement tendance à sortir le drapeau. Nous ne sommes pas comme les Américains, à chanter l'hymne avec le poing sur le cœur…J'ai peur que le débat dérive sur l'exhibitionnisme des symboles plutôt que sur l'affirmation des valeurs.
La mondialisation fragilise-t-elle l’identité ?
Ce qui a le plus fragilisé l’identité nationale, c’est le discours des déclinologues depuis le début du siècle, affirmant qu’on avait tout faux, qu’il fallait que la France s’adapte et devienne un peu anglo-américaine. C’es