C’est écologique, la ville ? Oui, ça peut l’être. Mais pas comme on l’imagine. Faire de la «ville durable», ce n’est pas seulement planter des arbres. Dissection par Francis Cuillier, consultant, grand prix de l’urbanisme 2006 et président du Conseil français des urbanistes, d’une notion nouvelle et plutôt mal connue.
La ville durable, c’est «la ville à la campagne», comme disait Alphonse Allais ?
Non, bien sûr. Mais il faut quand même préciser quelques notions un peu floues. La ville, dans l'histoire, est toujours durable par définition. Le concept de ville soutenable, sustainable comme disent les Canadiens, est quand même plus précis. Prenons un exemple. On dit toujours que les bâtiments doivent être mieux isolés thermiquement. Au Moyen-Âge, quand les bâtiments étaient collés les uns aux autres, ils étaient mieux isolés que les pavillons actuels ! Aujourd'hui, par un abus de langage, tout le monde fait du développement durable. Il n'y a pas un promoteur qui ne fasse pas sa publicité sur la basse consommation, la qualité énergétique, etc. Or, ces aspects techniques constituent une condition nécessaire mais pas suffisante pour faire une ville durable.
La consultation internationale sur le Grand Paris demandait à dix équipes d’architectes de dessiner «la métropole de l’après-Kyoto». Les réponses ne se sont pas limitées à des techniques…
Non, évidemment. Quand, dans leurs conclusions, certaines équipes proposent de reboiser, ce n’est pas de la technique de bâtiment mais c’est un élément clé de la durabilité. Autre exemple, les transports. Toutes les équipes ont insisté sur leur importance. On sait bien que c’est l’une des plus grosses sources de production de gaz à effet de serre. Or, que se passe-t-il à la Défense ? Le gouvernement