Ça sonne comme un gag. A Rouen, la prison s’appelle Bonne-Nouvelle. Autant dire qu’elle se prête à un jeu de mots récurrent de la part des clients de l’avocat Etienne Noël. «Alors maître, j’attends de vous une bonne nouvelle… mais pas celle de la maison d’arrêt, hein !» Etienne Noël est un avocat pénaliste réputé. Surtout pour son obstination à faire condamner l’administration pénitentiaire et l’Etat, après des affaires de suicides ou de violences en prison.
Son cabinet se trouve juste à côté du théâtre de la Canaille. Sur la rive gauche, celle des quartiers plus populaires de la ville, celle de la prison. Rouges, empilés, débordants, les dossiers de Me Noël dessinent le portrait de la maison d'arrêt de Rouen : un établissement surpeuplé, marqué par de nombreux drames, suicides, meurtres et même cannibalisme. En janvier 2008, un homme de 35 ans a tué son codétenu et mangé un morceau de son poumon.
9,35 m2 pour trois
Me Noël attend, dans les jours prochains une décision majeure. La cour administrative de Douai pourrait rendre un jugement qui permettrait d'enclencher le premier grand mouvement de plaintes de détenus contre une prison française. Pour Etienne Noël, militant de l' Observatoire international des prisons (OIP), ce serait là le couronnement de la bataille qu'il mène depuis quatre ans pour l'amélioration des conditions de vie en détention.
Tout commence en 2005 quand Christian Donat, un détenu de Rouen, attaque l'administration pénitenti