Si d’aventure, vous empruntez la D38 entre Bretoncelles et Rémalard, dans l’Orne, garez-vous à l’orée de la forêt de Saussay. Enfoncez-vous dans le bois silencieux et écoutez ces petits bruits secs et brefs qui trahissent la chute des glands du chêne et des châtaignes sur les feuilles mortes. Dès les talus couverts de bruyère, vous contemplerez le tapis brun et hérissé de bogues et avec un peu de chance, si la pluie de ces derniers jours ne les a pas gâtés, vous ferez une moisson de marrons en faisant au passage un sort aux cèpes que vous croiserez le long des sommières. Vous goûterez ainsi au plaisir de l’une des dernières cueillettes de l’automne avant d’hiverner avec chicons, bintjes, Picard surgelés et Bonduelle en attendant les premiers pissenlits du printemps prochain.
Duveteuse. De la châtaigne, on connaît surtout les deux rôles titres qu'elles endossent lors des fêtes de fin d'année : le marron glacé et la garniture de marrons au jus autour de la dinde de Noël. Soit la Rolls des douceurs et l'incarnation de la tradition. Il ne s'agit pas ici de remettre en cause ces deux canons gastronomiques mais on peut tirer davantage de la châtaigne dès qu'on l'extrait de sa bogue : en soupe, en purée, en farce, en plat, en gâteau, en glace, la palette culinaire est vaste. Certes, ce n'est pas un fruit facile quand on ne l'achète pas en bocal ou congelé : il faut se fader les épines de la bogue puis les deux peaux du fruit quand on l'épluche, d'ab