Le paradoxe est phénoménal. Et vu d’ici, à New York, dans les quelques journaux qui s’intéressent encore à nos débats hexagonaux, il confine au grotesque.
D’un côté, on nous parle d’une identité française en péril. On a un ministre de l’Identité nationale et de l’Immigration (ah ! ce «et»… le temps a beau passer, je ne parviens pas à voir dans ce «et», dans cette «copule» entre «identité» et «immigration», autre chose qu’une crapulerie…) qui, comme si la patrie était en danger, comme s’il y avait le feu dans la maison de l’Identité, charge le «corps préfectoral» d’organiser ce grand débat, ces états généraux, des valeurs fondatrices de la «douce France» chère, nous dit-on, à Trénet.
Et voici même un député qui, ivre du climat ainsi créé, s'engouffrant dans la brèche ouverte par le ministre et confondant, au passage, prix Goncourt et Légion d'honneur, tance un écrivaine pour une interview jugée nuisible à «l'image du pays» et l'exhorte à un «devoir de réserve» qui devrait être, selon lui, requis des lauréats des prix littéraires (j'ai beau, là aussi, tourner le problème dans tous les sens : non seulement ce député est sot, mais je ne vois pas de plus noble fonction à un grand prix que de permettre à qui le reçoit d'ouvrir, justement, sa grande gueule, de s'en servir comme d'un porte-voix supplémentaire et de briser, justement, tous les devoirs de réserve que lui imposait sa situation antérieure…).
Or, dans le même temps, tandis que tout ce petit monde amuse la