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Libération

Prison : la double peine des familles

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Karine Bergnes, dont le compagnon s’est pendu dans sa cellule, a reçu Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des prisons.
publié le 14 décembre 2009 à 0h00

Karine avait préparé des gâteaux et quelques jus de fruits, posés sur une table basse. Le contrôleur général a regardé le salon, choisi le canapé pour s’asseoir. Il y a eu d’abord quelques silences. Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, rendait visite à Karine Bergnes, une jeune femme dont le compagnon s’est pendu en prison, il y a tout juste neuf ans. Leur fille Léa avait alors 4 ans. Elle en a 13 désormais, et sa mère l’a envoyée chez une copine : Léa n’aime pas lorsqu’on parle trop de la mort de son père.

Orlando avait 24 ans. Il avait écrit à Karine pour la prévenir de son suicide. Elle a alerté la prison, en vain. Il s’est pendu le 8 décembre 2000. Elle a attendu que Noël soit passé pour prévenir Léa. Puis l’a élevée toute seule, tout en se battant pour faire condamner l’administration pénitentiaire.

Depuis qu’elle a réussi, elle continue de se battre. Son association, Faites la lumière en détention, parraine des prisonniers qu’elle visite. Jean-Marie Delarue voulait la rencontrer pour faire passer un message : les familles de détenus ont le droit de le saisir, lorsque quelque chose dysfonctionne en prison. C’est pour cela qu’il a accepté la présence d’un journaliste lors de cette visite peu courante.

La première épreuve des proches, c'est souvent le portique. «Dans la salle d'accueil des familles, dit Karine, on reconnaît tout de suite les nouvelles : elles sont habillées normalement.» Ensuite, elles feront comme tout