De son enfance, Marc, 31 ans, dit : «J'aurais aimé être comme les autres, normal, avec une vraie famille, alors que j'ai fait partie de la Ddass, et quand tu fais partie de cet organisme, tu n'es pas comme les autres.» Françoise, 59 ans, se souvient du «parquet gris» de la mairie où elle rencontra, pour la première fois à 4 ans, Auguste et Clémentine, qui devinrent plus tard ses parents. Amélie, mère d'un garçon et animatrice, se ronge les ongles depuis la pouponnière où elle a été placée à 3 ans. Comme Marc, Françoise et Amélie, plus de 140 000 enfants sont pris en charge chaque année par l'aide sociale à l'enfance (ASE) et placés au sein de familles d'accueil ou d'institutions. On entrevoit parfois les fêlures et les blessures (maltraitance, négligence, abandon…) de ces enfants retirés à leur famille biologique, mais on ignore la plupart du temps leur devenir à l'âge adulte. Si ce n'est le chiffre noir d'une enquête de l'Institut national des études démographiques (Ined) en 2006, établissant que 40% des SDF âgés de 18 à 24 ans sortaient du dispositif de protection de l'enfance. C'est pourquoi l'entreprise de Jean-Louis Mahé est si précieuse. Ce psychologue clinicien est allé à la rencontre de dix adultes qui furent des enfants placés. Certains se sont construit une vie qui semble leur convenir. D'autres au contraire se sont englués dans la galère. Jean-Louis Mahé explique ici pourquoi «la vie peut devenir magique ou tragique» à l'ombre de nos ori
Interview
«Les enfants de la Ddass sont toujours stigmatisés»
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par Jacky Durand
publié le 31 décembre 2009 à 0h00
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