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Libération
Interview

«Contre l’idéologie de l’annonce, la pétition»

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Questions à roland gori Psychanalyste, initiateur de «l’appel des appels»
publié le 4 janvier 2010 à 0h00

Il y a un an, Roland Gori, professeur de psychopathologie, lançait «l'Appel des appels» dans Libération. Un texte pointant la colère et l'amertume de toute une série de professionnels (profs, médecins, travailleurs sociaux…) qui voyaient leurs métiers attaqués par «une logique entrepreneuriale».

Un an après «l’Appel des appels», vous publiez un livre (1). Pourquoi ?

Il fallait marquer une étape dans ce mouvement d’opposition social et culturel. Il s’est passé beaucoup de choses : nous avons fait des journées nationales, puis régionales. Nous avons constitué une association. Ce livre met en forme notre dénonciation des caractères idéologiques de ce gouvernement, qui tend à instrumentaliser nos métiers et à pervertir nos actes professionnels.

Comment vous structurez-vous ?

Nous sommes dans une culture de l'instant, dans une idéologie de l'annonce et des événements. En réponse, le phénomène pétitionnaire a fonctionné. On l'a vu pour la Poste, pour le mouvement «Pas de zéro de conduite» [contre le dépistage des troubles chez les enfants précoces, ndlr]. Notre problème est de faire œuvre dans la durée. Les contacts ont été établis avec les grands mouvements syndicaux, la CGT, la CFDT, FSU, Solidaires, mais aussi avec les partis politiques. Notre enjeu ? Construire quelque chose de collectif et dépasser la fraternité mélancolique qui peut nous unir.

Inquiet ?

Oui. Même si l’histoire ne se répète pas, il est évident que le désespoir des classes moyennes, conjugué avec une apathie politique, est source de violences. On est encore dans une colère rentrée, voire retournée