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Libération

L’avortement sort enfin de l’aquarium

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Dans les archives de «Libé», il y a 35 ans. Fin 1974, les députés adoptent pour une durée déterminée la loi sur l’inter-ruption volontaire de grossesse.
publié le 9 janvier 2010 à 0h00

Dire qu'on avait fait 1789 pour que ces mecs-là nous représentent au Parlement. Quel spectacle ! Nous en haut et eux dans l'aquarium en bas. Ça s'agite, ça grouil1e, les huissiers n'arrêtent pas de glisser des mots doux aux «représentants du peuple»… Amendement, sous-amendement. Edgar Faure, en queue-de-pie, grand maître des cérémonies. On claque les pupitres : ces messieurs chahutent. Le débat est d'une clarté totale : «Aux termes de l'alinéa 2 de l'article 100, deux amendements ayant le même objet doivent être discutés conjointement. Par conséquent, en même temps que le 46, il faut discuter le 87.» Juste quand on croit comprendre, tout est remis en question : On n'avait pas vu un sous-amendement ! Tiens, Edgar Faure s'énerve : «Je dis quinze jours après la menstruation.» Un député n'arrive pas à comprendre ce qui se discute, à savoir «si oui ou non les femmes réagissent à quinze jours de retard» ? «Quinze jours de retard, c'est courant», lance un député. Insistons encore un peu et ils nous raconteront «leurs» règles, «leurs» avortements et «leurs» accouchements…

Lecanuet n'arrête pas d'aller et venir : il doit être mal à l'aise à côté de Veil, vu qu'hier il clamait que «l'avortement est un acte de mort» et qu'aujourd'hui il veut bien nous laisser avorter. Debré-l'entonnoir note rageusement tout ce qui pourrait attenter à sa France de 100 millions d'habitants. Tiens une suggestion intéressante : «Un avortement par an, pas plus