Menu
Libération
TRIBUNE

«Ferme ta bouche, t’es sans-papiers»

Article réservé aux abonnés
par Etienne Balibar, Eric Fassin, Nancy Huston, Henri LECLERC, Edgar Morin, Pap Ndiaye, Pierre Rosanvallon, Charles Berling, Laurent Baffie, Georges Balandier, Josiane Balasko, Juliette Binoche, Cali, Laurent Cantet, François Cluzet, Catherine Corsini, Antoine de Caunes, Marcel Détienne, Stéphane Diagana, Dan FRANK, Louis Garrel, HAME, Françoise HERITIER, Christiane Klapisch, Valérie Lang, Kad Merad, Gérard Mordillat, Laurent MUCCHIELLI, Marie NDiaye, Patrick Pelloux, Jacques Rancière, Bruno Solo, Emmanuel Terray, Lilian Thuram, Tzvetan Todorov, Alain Touraine, Jean VAUTRIN et Gérard Noiriel
publié le 26 janvier 2010 à 0h00

Nous sommes solidaires des 6 000 travailleurs sans papiers qui, depuis plus de trois mois, sont en grève et luttent dans la plus grande précarité, pour obtenir leurs droits, avec le soutien de onze organisations syndicales et associations.

Comme des milliers de leurs camarades, ces travailleurs, pour la plupart depuis des années, vivent et travaillent en France dans des métiers difficiles : bâtiment, travaux publics, restauration, nettoyage, sécurité, services à la personne. Leur travail est indispensable à notre économie. Beaucoup d’entre eux paient cotisations sociales et impôts, mais n’ont pas accès aux prestations sociales qui leur sont dues : santé, logement… Les autres ne sont pas déclarés ; leurs employeurs ne paient aucune charge sociale. Ces travailleurs sous-payés ne peuvent prétendre à la qualité de salariés, puisqu’ils n’ont pas de bulletins de paie. Dans les deux cas, ils sont corvéables à merci et expulsables du jour au lendemain.

Aujourd’hui, ils ont décidé de ne plus supporter l’insupportable. Ils ont eu le courage de sortir de la clandestinité où ils sont contraints. Nous demandons avec eux la reconnaissance de leurs droits, par une circulaire avec des critères simplifiés, objectifs et uniformes qui permettent leur régularisation. C’est une question de justice sociale. Nous demandons au gouvernement de sortir de son silence, de mettre un terme à cette situation hypocrite qui instaure dans notre République une zone de non-droit et de répondre  au plus vite à le