Quelle que soit la sympathie que l’on éprouve pour la politique du gouvernement, force est de lui reconnaître le courage d’avoir posé le problème de la sélection des élites scolaires et de ne pas avoir «calé» face à ceux qui affirment que les politiques favorisant l’entrée des boursiers dans les grandes écoles feraient «baisser le niveau». Il est vrai que le système actuel engendre une endogamie sociale profondément injuste et dont il n’est pas certain qu’elle produise des élites remarquables à force de clonage social et scolaire.
Tout ce qui pourrait ouvrir la composition sociale de ces élites, élargissement de la base de recrutement des classes préparatoires et redéfinition des concours, est bon à prendre. Ne faisons pas la fine bouche en nous arc-boutant sur une attitude familière en matière scolaire : le refus de tout changement sous prétexte qu’il faudrait tout changer.
En assurant la promotion de quelques centaines d’élèves particulièrement méritants, on peut avoir l’impression de bouleverser un pays qui a les yeux rivés sur les élites scolaires dont dépendrait tout son destin. Mais pendant ce temps, pour des centaines de milliers d’élèves, rien ne change vraiment.
Notre manière de produire les élites reste concentrée sur quelques écoles très sélectives qui continuent à imposer la norme de l’excellence scolaire. Les élèves et les étudiants continuent à se hiérarchiser par rapport à ce modèle de l’excellence et l’ordre scolaire lui-même n’est pas bousculé. Peut-être même s