[Le 20 janvier dernier, trois jeunes qui roulaient sans casque sur un scooter dans les rues de Woippy, étaient poursuivis par la police municipale de cette ville de Moselle. Bilan: l'accident, un des jeunes tué, les deux autres gravement blessés. Laurent Mucchielli, sociologue, un des meilleurs spécialistes de la délinquance des mineurs, a décidé de disséquer à chaud ce qui avait pu amener à ce drame. Et en particulier, le rôle d'une politique municipale sécuritaire. Ce texte est la version longue d'un article paru le 15 février dans Libération. La version intégrale, assortie de notes et d'une bibliographie, est disponible sur le site de Laurent Mucchielli. S.V.]
Ce qui s'est passé le 20 janvier à Woippy est grave, et les commentaires que cela a suscité peut-être autant. D'abord par leur rareté. Après quelques brèves, nous n'avons vu paraître aucun reportage et aucune enquête un peu approfondis. Ensuite par leur euphémisation des choses. Un jeune est mort, deux autres sont toujours dans le coma et risquent fort de décéder aux aussi («le pronostic vital est engagé», disent les médecins). Outre des destructions et dégradations, des centaines d'habitants ont conspué et caillassé des centaines de policiers. Et pourtant les médias publient des titres parlant pudiquement de «tensions» ou d'«incidents». Enfin, en recherchant des commentaires sur le m