La «grogne des profs», voilà en trois mots comment les médias résument les manifestations des enseignants depuis des années. Cette grogne fait d’eux au pire des cochons teigneux, au mieux des ivrognes mal réveillés à chaque rentrée, avec toujours l’idée implicite d’un mécontentement sans fondement réel.
Ce grognement prend toute la place, de sorte qu’aucune des revendications n’atteindra l’opinion publique, résumant tout ce bruit par un : «Les profs, y sont jamais contents !»
En 2010, il est plus que temps d’entendre que les profs ne grognent pas.
Les profs ne grognent pas, ils s’inquiètent pour votre enfant qui n’aura pas sa filière, ou restera à la maison, faute de place dans le lycée choisi.
Les profs ne grognent pas, ils constatent que votre enfant se retrouve dans une classe de trente élèves, lui qui a besoin de suivi.
Les profs ne grognent pas, ils pensent à vos enfants qui prendront l’allemand, faute de prof d’espagnol dans leur nouveau lycée, après pourtant trois ans d’espagnol au collège où ils étaient excellents.
Les profs ne grognent pas, ils compatissent avec ces jeunes collègues, Capes en poche, qui iront désormais enseigner immédiatement la totalité des heures sans avoir été formés et préparés un an avec une seule classe comme c’était le cas auparavant.
Les profs ne grognent pas, ils consolent ces jeunes profs pictaviens, lyonnais et lillois privés de leur famille pendant trois ans pour enseigner dans une banlieue qu’ils n’auront pas choisie.
Les profs ne grognent pas,