Dans la nuit du 20 au 21 janvier, trois jeunes qui roulaient sans casque sur un scooter dans les rues de Woippy étaient poursuivis par la police municipale de cette ville de Moselle. Bilan : un des jeunes tué, les deux autres gravement blessés. Laurent Mucchielli, sociologue, un des meilleurs spécialistes de la délinquance des mineurs, a décidé de disséquer à chaud ce qui avait pu amener à ce drame. Et en particulier, le rôle d’une politique municipale sécuritaire. Extraits de son étude.
Disons-le d'emblée afin que notre propos ne soit pas déformé : il ne s'agit pas de «défendre les jeunes» ni «d'attaquer la police» et, en l'espèce, les policiers municipaux. Il s'agit de souligner les conséquences d'une dérive qui ne peut que nuire à tout le monde, y compris aux policiers. Cette dérive, c'est celle d'une confusion des genres et de l'emploi d'une police municipale dans des missions qui ne sont pas les siennes, à l'initiative d'un maire converti à l'idéologie sécuritaire. Le député-maire de Woippy, François Grosdidier, membre de l'UMP, a gagné la ville aux municipales de 2001, notamment sur les thèmes sécuritaires. En 2005, durant les émeutes, il s'était singularisé par l'action en justice qu'il avait entamée contre des groupes de rap. Il fut débouté par le tribunal correctionnel de Melun (Seine-et-Marne). De même que n'avait pas été votée la proposition de loi s'appuyant sur les mêmes chansons de rap et visant, toujours en 2005, à instaurer un délit d'«atteinte à la dignit