PAVEL FISCHER Ambassadeur de la République tchèque en France
Etat d’âme. Marqué par la tristesse, le regret, une sorte de soif. Nous regrettons de nous trouver ailleurs, dans un endroit ou une époque autre. Parfois, la nostalgie survient de nulle part. Souvent, elle gagne de la force ; c’est alors que les vagues de nostalgie rythment notre plaisir de vivre ici, et maintenant.
Dans les années 1950, un mur étanche se construisait. Conçu pour couper le dialogue qui avait toujours existé, en Europe, jugé comme trop dangereux. L’enclos fut érigé mais la soif de liberté était trop forte pour se laisser contenir. Alors, des champs de mines furent posés. Mais leur efficacité dans la dissuasion des fugitifs s’avérait insatisfaisante. Ainsi, des fils électriques sous tension sont installés, complétés de système de détection de tout mouvement inopiné. Des gardes armés, accompagnés de chiens, faisaient le tour de l’enclos. Jusqu’au jour où ils ont eux-mêmes ressenti la soif de s’exiler. En réponse, l’administration décida de changer les consignes : ceux qui allaient monter la garde, étaient contenus dans le dispositif, enfermés derrière les barbelés.
La documentation, qui décrit ce plan mis en place à la frontière occidentale de la Tchécoslovaquie des années 1950, peut paraître comme venant d’un autre monde. Je ne crois pas que les miradors et barbelés disparus fassent l’objet d’une nostalgie quelconque. Néanmoins la nostalgie, tout autant que les rêves et les aspirati