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TRIBUNE

Pour vivre heureux, vivons cachés ?

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Modérateur Christophe Alix, «Libération»
par
publié le 26 mars 2010 à 0h00

EMMANUEL HOOG PDG de l'INA

L’irruption d’Internet et des technologies numériques a brouillé les frontières entre les sphères publiques et privées. Volontairement ou non, nous confions un nombre croissant de données personnelles à la mémoire infinie des disques et des réseaux, sans être toujours sûrs de pouvoir un jour en récupérer la maîtrise. Facebook connaît vos orientations religieuse, politique ou sexuelle ; YouTube se souvient de vos vacances en Bretagne. A ce rythme, le risque est grand que notre monde ressemble un jour au fameux panoptique décrit par Michel Foucault, où chacun peut être surveillé en permanence, dans une totale transparence de son être.

Surtout, l’oubli pourrait devenir impossible : par le jeu de la mémoire numérique, le moindre de nos faits et gestes passés pourra nous être rappelé en permanence, nous condamnant ainsi à vivre dans un éternel présent. Face à ces nouveaux dangers, les dispositifs de protection imaginés en 1978 par la loi «informatique et libertés» ne suffisent plus.

Il devient urgent de réfléchir, à l’échelle européenne et internationale, à l’instauration d’un véritable habeas corpus numérique, qui garantira aux citoyens les mêmes droits dans le monde numérique que dans le monde réel.

NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Secrétaire d'Etat chargée du Développement de l'économie numérique

Dans mon dernier livre Tu viens ? j'avais cherché à attirer l'attention sur la nécessité d'un droit à l'oubli numérique. I