GEORGES BANU Professeur à la Sorbonne, critique de théâtre
Si le communisme semblait vivable, c’est surtout parce que «soluble dans l’alcool» autant qu’allégé par l’humour. Humour qui rendait l’air respirable, soupape de sécurité à même d’égratigner le «mur du silence». Non pas humour frontal, mais disséminé, subversive guérilla urbaine qui, sans gagner la guerre obtenait des victoires ponctuelles, soit à l’abri «incertain» des foyers, soit sur les plateaux de théâtre. C’était David contre Goliath un instant battu en brèche.
Une autre réserve d’humour fut l’Ubu, dont l’Est, a fourni des versions féroces avec pour référence explicite les leaders de l’époque. L’humour, bouffé d’air frais ! Aujourd’hui, dégagé des anciens interdits et de la censure explicite, l’humour se trouve ramené au registre du café-théâtre et des comédies de mœurs. Il a une position subalterne, mineure. A la recherche des «vitamines du bonheur», la jeune génération le délaisse, tandis que les grands artistes lancent des appels de détresse plutôt que des bouées de sauvetage. L’humour et la liberté sont-ils incompatibles ? That is the question.
PETRIKA IONESCO Metteur en scène
Sorte de stratégie de la survivance ? Sorte de «résistance» clandestine et subversive ? L’humour sous le communisme est devenu un bras de fer dans lequel l’intelligence créatrice des Roumains, c’est opposé à la censure à travers toutes les nuances de sa langue et sa fantaisie. Toujours un tour d’avance su