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Libération
Interview

«Des entraves aux libertés scientifiques»

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Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup.
publié le 29 mars 2010 à 0h00

Stéphane Tassel est le secrétaire général du Snesup, premier syndicat des enseignants du supérieur. Il explique à Libération pourquoi il reste hostile à la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU).

Quel bilan faites-vous de l’autonomie ?

Nos craintes étaient fondées. La LRU a introduit de la concurrence entre les universités et entre les collègues. Elle les a aussi écartés des prises de décision et a attaqué les fondements collégiaux de la communauté universitaire. Jamais les entraves aux libertés scientifiques n’ont été si importantes. Pour cela, nous demandons toujours son abrogation.

Les présidents ont des pouvoirs exorbitants sur le recrutement des enseignants, allant jusqu’au droit de veto. Le conseil d’administration (CA) est à leurs ordres, avec des personnalités extérieures qu’ils ont nommées. Les présidents peuvent ainsi avoir la haute main sur les carrières. On compte déjà 20% de non-titulaires dans le supérieur et ils peuvent décider de recruter des CDD et des CDI en lieu et place de fonctionnaires. Avec cette nouvelle flexibilité, on risque de voir augmenter la précarité en fonction des besoins du moment de la recherche. Le nombre de publications va compter de plus en plus. Avec des dérives. Prenons l’exemple d’une jeune chercheure qui débute mais dont la thématique ne correspond plus à la politique de recherche de l’université. Elle risque de subir des pressions pour changer de thématique, pour accepter des tâches administratives, voire pour quitter son labo. Elle dev