Certes, on n'en a pas fini avec elle. Chaque jour un peu plus, la crise accentue jusqu'à l'absurde les traits d'une société cupide et cynique dans laquelle il devient compliqué pour chaque citoyen de trouver sa place. Et chaque jour un peu plus, la marchandisation de l'homme et de la planète aggrave une crise qui finira par saper les fondements sociaux de nos existences en plongeant chacun dans le doute et l'angoisse. Faut-il s'y résigner ? Bien sûr que non ! S'il fallait résumer d'une phrase les débats qui viennent de se tenir lors des Rencontres de Rennes, ce serait ce cri de révolte camusien : «Rendons Sisyphe heureux !»
Le bonheur est question de fraternité, une vertu molestée par la toute puissance du marché, mais il est aussi à portée de main, pourvu que les bonnes volontés se parlent et s’écoutent. Rennes a, une nouvelle fois, montré que l’intelligence collective était un précieux rempart aux agressions en cours. Dix-neuf mille personnes, de tout horizon et de tout âge, ont pris place dans les travées du Théâtre national de Bretagne. De nouvelles utopies, démocratiques, responsables, durables, qui ne se réduisent pas au passage dans les isoloirs, émergent ; d’autres approches s’esquissent, de nouvelles mises en réseau sont à l’œuvre, où les individus ne seront plus ces pions dont le comptage proclame l’influence d’une formation politique à un moment donné, mais des citoyens libres, égaux en droits et en devoirs. C’est cette cohorte joyeuse et respectueuse qui