Très prudente, la présentation par le Conseil d'Etat de l'étude remise hier à François Fillon, intitulée «les possibilités juridiques d'interdiction du port du voile intégral». Le Premier ministre a proclamé à plusieurs reprises son souhait que soit votée une loi qui aille «le plus loin possible sur la voie de l'interdiction générale». Le 29 janvier, il avait saisi la plus haute juridiction administrative pour qu'elle lui propose, d'ici fin mars, des «solutions juridiques» en vue de cette interdiction. Dans leur réponse, les Sages du Conseil d'Etat se placent très en retrait. Ecartant toute interdiction générale et absolue du voile en tout temps et en tous lieux, ils jugent, en revanche, que la sécurité publique et la lutte contre la fraude peuvent justifier, dans certains cas, l'obligation d'avoir le visage découvert.
Pour autant, ils se refusent à dicter au gouvernement sa copie. «Le Conseil d'Etat se borne à donner un éclairage juridique sur les questions posées», a précisé hier Jean-Marc Sauvé, son vice-président. «C'est dans le cadre strict de cette demande juridique, c'est-à-dire indépendamment de toute considération sur l'opportunité de légiférer dans ce sens [celui de l'interdiction générale souhaitée par le Premier ministre, ndlr], que le Conseil d'Etat a procédé à l'étude demandée», précisent les Sages dans la synthèse de leur rapport.
Est-ce pour se démarquer de la surenchère politique sur la question de l’interdiction du voile in