C'est un bel homme, grand, solide, les épaules larges. Veste de caban chic, cheveux gris foncé, teint buriné. Un homme qui «présente bien, dit une femme dans la salle. On ne dirait vraiment pas…» Et pourtant. «J'en suis un, un croque-mitaine, un repoussoir de la société, un pédophile, il faut bien que j'assume de me présenter comme ça.»
Ce lundi, Alain (1), 60 ans, graphiste parisien, père, époux et ami «modèle» selon ses proches, comparaissait devant la 15e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour avoir téléchargé deux millions d'images pédopornographiques. Les policiers ont saisi chez lui huit disques durs et des centaines de CD et DVD. Tant de films et de photos qu'ils reconnaissent ne pas avoir eu «les moyens» de tous les analyser. Alain y passait «trois à quatre heures par nuit, toutes les nuits». Il parle d'une «drogue», d'une «envie d'amasser, de collectionner». «L'image la plus excitante, c'est toujours la suivante.»
C'est une enquête du FBI, ouverte en 2007 à partir d'un site pédopornographique américain, qui a abouti à son arrestation en février 2010. Alain utilisait son adresse e-mail habituelle. Et laissait un peu partout ses coordonnées bancaires. «Je crois que j'avais le désir inconscient de me faire attraper.» Pour décrire l'arrivée de la police, il parle de «délivrance».
«Glissade». La présidente l'écoute la tête un peu p