Malgré le bilan désastreux des réformes des retraites de 1993 et de 2003, le gouvernement s’apprête à reculer l’âge de la retraite ou à allonger un peu plus la durée de cotisation. C’est oublier que le niveau moyen des pensions a baissé de 15 à 20 % en 15 ans, que les entreprises se débarrassent des salariés âgés et que l’évolution démographique reste en France dynamique.
De plus, le gouvernement confond sciemment l’âge auquel on peut en réalité faire valoir son droit à la retraite à taux plein (entre 61 et 62 ans), compte tenu de l’allongement rendu obligatoire, et l’âge où l’on cesse en moyenne d’être en emploi (58,9 ans). Et il répand l’idée qu’il n’existe qu’un seul levier pour équilibrer le financement des retraites : travailler toujours plus longtemps. La possibilité d’augmenter les cotisations n’est jamais évoquée, car cela modifierait la répartition de la richesse produite. Bref, il s’agit de faire payer la crise du capitalisme aux salariés et aux retraités, sans toucher aux privilèges des classes qui se sont enrichies.
Une alternative existe pourtant : couvrir l’augmentation des besoins sociaux par un accroissement des prélèvements collectifs sur la richesse produite. Le Conseil d’orientation des retraites avait estimé en 2007 à 1,7 point de PIB en 2050 le besoin de financement supplémentaire. C’est infime. Certes, il faudrait davantage (environ 6 points) pour annuler les contre-réformes passées. Mais cela est parfaitement possible si le curseur de la répartition des