Au début du mois, le juge Marc Trévidic, qui instruit l'enquête sur l'attentat de Karachi, a cru recevoir une bonne nouvelle. Le ministre de la Défense, Hervé Morin, consentait à lui transmettre un document de 137 pages en prise directe avec ces recherches. Selon des sources proches de l'enquête contactées par Libération, il s'agit d'un rapport du GIGN réalisé au lendemain de l'attentat du 8 mai 2002 et transmis courant octobre 2002 au cabinet de la ministre de la Défense de l'époque, Michèle Alliot-Marie (actuelle ministre de la Justice). Il consiste en une étude sur les menaces susceptibles de peser encore sur le personnel de la DCN visé dans l'attaque terroriste, et qui a été réalisée après l'envoi sur place, au Pakistan, d'une équipe du GIGN.
Mais le ministre a scrupuleusement suivi l'avis très prudent de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), saisie le 20 janvier dernier sur l'opportunité de transmettre cette liasse. Cet organe, dont les avis sont dépourvus de caractère obligatoire, a engagé le pouvoir exécutif à remettre le rapport au magistrat mais dans une version très expurgée. Sur les 137 pages, seuls six paragraphes sans intérêt ont été déclassifiés. Le reste a été effacé et ne pourra jamais être examiné par la justice. Le 26 juin 2009, interrogé sur France-Info, Hervé Morin avait déclaré : «J'ai toujours pensé que pour éviter le fantasme il fallait au maximun jouer la transparence.» Avant de se montrer plus précis :