C'est le Poitou rural, profond, taiseux. Ceux qui savent ne parlent pas et bien des années plus tard, un gendarme dira simplement qu'«il n'y a pas lieu d'en être fier». Nous sommes à la fin de l'été 1944. Pour l'armée allemande, la déroute commence. Un petit groupe de soldats de la Wehrmacht traverse la région. Ils battent en retraite depuis le mur de l'Atlantique en direction de Poitiers (Vienne), à bicyclette ! Ils sont plutôt âgés, ainsi l'adjudant-chef (oberfeldwebel) Andreas Greuel, 47 ans. Certains appartiennent à une compagnie sanitaire, comme le soldat Kurt Adolph Wirbartz, un ancien du front de l'Est, dont le témoignage nous est parvenu.
Le 24 août, ils sont faits prisonniers par une unité de «partisans» - comprenez de «résistants» français. Dans un premier temps, ils sont parqués dans une bergerie, désarmés, déshabillés. Puis ils sont transportés au QG du maquis local, une ferme au lieu-dit les Fontenelles sur la commune de Coussay-les-Bois (Vienne). Durant quinze jours, ils vont participer aux travaux des champs pour les paysans du coin et aux corvées du maquis. Un soir, le 9 septembre, une camionnette vient les chercher. Ils sont entravés et embarqués sans ménagement. Un paysan, qui a besoin de bras, proteste. Deux hommes sont jetés dans la poussière : Wirbartz et Scheffler.Les autres sont conduits à Coussay-les-Bois et alignés devant un mur. La compagne du «Chouan», le chef des résistants locaux, obtient quelques grâces. Un religieux se propose