C'était agressif, parfois même très désagréable. La semaine dernière, la commission sénatoriale sur la grippe A auditionnait différents experts. Et le président de ladite commission, le sénateur socialiste François Autain, ironisait sur ces experts qui ont «rêvé tellement d'une pandémie qu'ils en ont inventé une». «Mais quand même, vous pourriez reconnaître que vous vous êtes trompé», lâchait-il avec insistance à l'encontre du professeur Antoine Flahault, directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique. Celui-ci avait pourtant reconnu des erreurs. «Allez, ce n'était qu'une grippette comme l'ont dit certains», lui a encore envoyé méchamment François Autain.
Mais ce dernier avait-il raison ? Antoine Flahault, ce jour-là, a fait état d'une étude qui venait tout juste d'être publiée dans la revue Nature sur la mortalité de la grippe A aux Etats-Unis. Et il l'a détaillée : «Selon l'hypothèse la plus basse, il y aurait eu entre 7 500 et 12 000 décès dus à cette grippe aux Etats-Unis, soit deux fois moins qu'en période de grippe saisonnière.» Grippette, alors ? «Mais avec une autre méthode de calcul, selon les mêmes auteurs, si l'on compare les chiffres de mortalité totale durant la période de circulation de la souche pandémique avec la mortalité moyenne observée les années précédentes, l'excès de mortalité attribué à H1N1 est de 44 100 décès, clairement supérieur à celui observé en moyenne durant les grippes saisonnières : 3